OLIVIER

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Présentation : Dans les forêts de Sibérie

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas publié de présentations sur le blog. C’est aujourd’hui chose faite. Le thème est un peu inhabituel. Il ne s’agit pas de business, de communication ou de marketing mais d’un livre que j’ai lu dernièrement : Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson. Bon visionnage !

Extraits du livre

« La marque Heinz commercialise une quinzaine de variétés de sauces. Le supermarché d’Irkoutsk les propose toutes et je ne sais quoi choisir. J’ai déjà rempli six caddies de pâtes et Tabasco.

Quinze sortes de ketchup. A causes de choses pareilles, j’ai eu envie de quitter ce monde. »

2 Mai

« Entre l’envie et le regret, il y a un point qui s’appelle le présent. Il faudrait s’entraîner à y tenir en équilibre comme ces jongleurs qui font tourner leurs balles, debout sur le goulot d’une bouteille. »

« Le paradis aurait dû se situer ici : une splendeur infaillible, pas de serpents, impossible de vivre nu et trop de choses à faire pour avoir le temps d’inventer un dieu. »

7 Mai

« A dévorer du poisson depuis des mois, je me métamorphose. Mon caractère est devenu lacustre, plus taciturne, plus lent, ma peau blanchit, je dégage une odeur d’écaille, ma pupille se dilate et mon cœur ralentit. »

7 Mai

« L’Etat voit tout ; dans la forêt, on vit caché. L’Etat entend tout ; la forêt est nef de silence. L’Etat contrôle tout ; ici, seuls prévalent les codes immémoriaux. L’Etat veut des êtres soumis, des cœurs secs dans des corps présentables ; les taïgas ensauvagent les hommes et délient les âmes. »

10 Mai

« Le soir, je prends trois ombles en une heure. Etrangement le lac ne m’en délivre jamais plus comme s’il réservait une prise conforme à mes besoins. Il y a là un mystère qui prémunit de la fièvre pécheresse. »

11 Mai

« Rien ne me manque de ma vie d’avant. Cette évidence me traverse alors que j’étale du miel sur les  blinis. Rien. Ni mes biens, ni les miens. On dispose de tout ce qu’il faut lorsqu’on organise sa vie autour de l’idée de ne rien posséder. »

13 Mai

« Il pleut et il fait froid et les ramures des cèdres ruissellent vernissées. La beauté ne sauvera jamais le monde, tout juste offrira-t-elle de beaux décors pour l’entre-tuerie des hommes. »

15 Mai

« Penser qu’il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l’intensité d’un moment. Je reste au carreau pendant une heure, alors que l’aube en fait des tonnes. »

15 Mai

« Qui suis-je ? Un pleutre, affolé par le monde, reclus dans une cabane, au fond des bois . Un couard qui s’alcoolise en silence pour ne pas risquer d’assister au spectacle de son temps ni de croiser sa conscience faisant les cents pas sur la grève. »

17 Mai

« Le soleil et les nuages jouent aux échecs. Ils placent leurs pions sur l’échiquier de marbre : les masses blanches et noires se déplacent à l’allure des charges cavalières. »

20 Mai

« Les rives sont agitées par un meeting aérien permanent. Des aigles planent, les oies patrouillent en bande, les mouettes enchaînent les piqués et des papillons, tout étonnés de vivre, titubent dans l’air. Quarante-huit heures ont suffi au printemps pour confirmer son putsch. »

22 Mai

« La cabane n’est pas une base de reconquête mais un point de chute. Le trou où la bête panse ses plaies, non le repaire où elle fourbit ses griffes. »

27 Mai

« Finalement, avec la vodka, l’ours et les tempêtes, le syndrome de Stendhal, suffocation devant la beauté, est le seul danger qui menace l’ermite. »

31 Mai

« Parfois mon regard s’attarde sur un pan d’eau vide où deux canards se posent soudain comme si une prémonition trouvait son exaucement. Comme lorsque l’œil découvre dans un livre la phrase que l’esprit attendait depuis longtemps sans réussir à la formuler. »

31 Mai

« La pluie a été inventée pour que l’homme se sente heureux sous un toit. »

3 Juin

Citation de John Burroughs : « Le ton sur lequel nous parlons au monde est celui qu’il emploie avec nous. Qui donne le meilleur, reçoit le meilleur. » Nous sommes seuls responsables de la morosité de nos existences. Le monde est gris de nos fadeurs.

4 Juin

« Nous sommes quelques âmes nomades qui cherchons par tous les moyens à revivre les moments intenses de nos existences. Pour certains, ils se situent dans l’enfance, pour d’autres, ils correspondent au premier baiser sous le pont de la départementale, pour d’autres encore à une sensation d’épanouissement inexplicable, un soir d’été, dans le crissement des cigales, pour d’autres enfin à une nuit d’hiver où auraient afflué de hautes et bonnes pensées. Pour moi, c’était là, au bord du talus sablonneux ouvert sur le lac. »

« Mishima dans le Pavillon d’Or : « … Ce qui donne un sens à notre comportement à l’égard de la vie est la fidélité à un certain instant et notre effort pour éterniser cet instant … » Tout ce que nous entreprenons découlerait d’une inspiration éphémère, intangible. Une fraction de seconde fonderait l’existence. »

16 Juin

« Vivre ne devrait consister qu’en ceci : prononcer sans cesse des actions de grâce pour remercier le destin du moindre bienfait. Etre heureux c’est savoir qu’on l’est. »

16 Juin

« Je ferme les livres et pleure dans le poil de mes chiens. Je ne savais que la fourrure des bêtes absorbait si bien les larmes. Sur la peau des êtres humains, elles glissent. »

19 Juin

« Les livres sont plus secourables que la psychanalyse. Ils disent tout, mieux que la vie. Dans une cabane, mêlés à la solitude, ils forment un cocktail lytique parfait. »

22 Juin

« A tout moment, des phoques émergent et fixent la rive. Ils contrôlent que le monde est toujours en place, vérifient qu’ils ont bien fait de choisir les profondeurs. »

4 Juillet

« Qu’est-ce que la société ? Le nom donné à ce faisceau de courants extérieurs qui pèsent sur le gouvernail de notre barque pour nous empêcher de la mener où bon nous semble. »

8 Juillet

« Lire compulsivement affranchit du souci de cheminer dans la forêt de la méditation à la recherche des clairières. Volume après volume, on se contente de reconnaître la formulation de pensées dont on mûrissait l’intuition. »

13 Juillet

« La vie dans la cabane est une profession de foi énergétique aux antipodes du prométhéisme historique. La hache du bûcheron et le panneau solaire pourvoient lumière et chaleur. La frugalité énergétique ne pèse pas. Ni la joie de se savoir autosuffisant et le sentiment religieux d’être bénéficiaire des prodigalités du soleil. Les panneaux photovoltaïques captent l’averse de photons tombés de cieux. Le bois – qui est le fossile de la lumière solaire – libère son énergie dans le feu. »

« Chaque calorie tirée de la pêche ou de la cueillette, chaque photon assimilé par le corps est dépense pour pêcher, cueillir, puiser l’eau et couper le bois. L’homme des bois est une machine à recyclage énergétique. Le recours aux forêts est recours à soi-même. Privé de voiture, l’ermite marche. Privé de supermarché, il pêche. Privé de chaudière, son bras fend le bois. Le principe de non-délégation concerne aussi l’esprit : privé de télé, il ouvre un livre. »

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